ARMEN, du gris au gris foncé au noir, de noir

Quel étrange livre ; un huis clos en haut d'un phare, sur fond de guerre, un peu la guerre des Tartares, entre un Officier allemand et un des marins du phare. Ce dialogue pour ne pas dire monologue entre Frantec le français et l'Allemand montre à quel point la guerre est une chose politique et non pas humaine. Il va s'établir une sorte d'amitié obscure et de respect méfiant entre les deux hommes, aculés dans la promiscuité du bâtiment, en proie à leur angoisses.  La fin, on la voit venir, inéluctable et tragique, plus encore que la guerre. C'est un livre triste et désarmant, qui fait néanmoins réfléchir sur sa stupidité. 

Au niveau du dessin, la perfection dans le contexte cependant -visages figés et creusés (comme la haine ou la peur), dessins noirs et angoissants (comme la guerre), pas de soleil ni de lune (comme le desespoir)- montre que sans savoir dessiner on peut faire une bonne BD, et Briac nous a fait ça avec brio (pas pu m'en empêcher), et sans parler d'un coup de maître, il est indéniable qu'il a le crayon prometteur.

Auteur : Briac (français, 1967)

ma note : 7/10